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06 décembre 2012

Mieux vaut tard que jamais

 

Mardi 5 juin dernier, « l’As de Trèfle » accueillait notre deuxième café-philo animé par Aubert Allal, psychologue et philosophe. Après « Ce qui dépend de nous » le 7 février dernier, nous étions une petite quinzaine de CCBVistes à écouter puis réfléchir ensemble à la question de « l’Amitié est-elle un Amour sans sexe ou bien un amour comme les autres ? ». Retour sur des notions pures et deux sentiments essentiels à nos existences d’êtres humains.

 

Avis aux âmes Fleur Bleue ou Roméo en herbe, il est aujourd’hui scientifiquement prouvé que l’Amour n’est pas un choix rationnel et en aucun cas le fruit du « hasard », contrairement à l’Amitié. Ainsi, l’amour serait cousu de fil blanc, « épinglé » par le coup de foudre, la passion, les élans, l’émotion et la dimension fantasmagorique, essentiels au socle de base, notre être archaïque doublerait, consciemment ou pas, son tissu amoureux d’autre chose. Ainsi, pour Carl Gustav Jung, être amoureux c’est être capturé à notre insu sur le plan immunitaire, quand des éléments vont déterminer un choix qui échappe à notre raison, réunissant « anima » et « animus ». Blaise Pascal considère que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Dans « Le Banquet » de Platon, Aristophane propose le mythe des humains doubles ou entiers ainsi que le « troisième sexe » androgyne, tous « condamnés » à rechercher leur moitié. La biologiste Lucie Vincent évoque le rôle de l’ocytocine comme « chef d’orchestre des sentiments » quand son mari le neurobiologiste Jean Didier Vincent (durant 17 ans, gage que ces 2 là doivent savoir de quoi ils parlent), publiant « La biologie des passions », nous sensibilise aux notions de désir, plaisir, douleur, goût du pouvoir et de la domination, au-delà du clivage traditionnel entre l'âme et le corps, entre le cerveau qui serait l'organe de la raison et le corps celui des pulsions. Enfin, plus récemment encore, Frédéric Beigbeder affirmant que « l’amour dure 3 ans », s’appuie sur l’incontournable thèse que l’homme et la femme se choisissent guidés par l’odeur et les phéromones qu’ils dégagent, portés par la nécessité de pérenniser l’espèce, « programmés » pour s’aimer 3 ans durant, soit le temps nécessaire pour qu’un enfant tienne debout. Quoiqu’il en soit, quand le charme se dissipe ou que selon Nietzsche « on cesse d’aimer l’autre quand il arrête de nous surprendre », à chacun de mettre en œuvre des recettes pour éviter l’essoufflement et faire des différences constatées, un enrichissement mutuel et l’occasion de grandir ensemble dans une relation renouvelée plutôt que rabaisser ou délaisser l’autre, que l’on portait aux nues « aux premiers temps de la valse »…

Ensuite, à bases différentes, sentiments distincts : quand l’amour reposerait donc sur la complémentarité, l’amitié serait plutôt construite sur le principe de similarité où la « dimension » du sexe n’est pas l’objet puisque, plutôt que de capter l’autre, il s’agirait davantage d’extrapoler son propre égo et de la capacité mutuelle à partager les mêmes centres d’intérêts ou « plaisirs », sans fantasme préalable et donc sans désillusion potentielle.

Ceci dit, on aura beau s’interroger (et trouver des pistes de réponse) sur la « rencontre » de deux êtres « différents » et de leur aptitude à capitaliser chaque « Je » pour créer le « Nous » le mystère de l’amour demeure, fil rouge de nos « liaisons heureuses »…

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